Le hijab, foi, absurdité ou trend?

par Fati's Blog

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    imageLe débat de l’heure s

    Un des thèmes les plus débattus ces dernières années est le port du hijab, ou celui du voile intégral, appelé la burqa. Les femmes musulmanes se sont retrouvées, il y a un peu plus de deux décennies, face à un grand dilemme. Porter ou non un voile, pour prouver à elle-même et à la société dans laquelle elles vivent, leur appartenance indéfectible à l’islam.

    Nos traditions 

    Avant de développer ce sujet, je voudrais revenir encore plus en arrière et jeter un coup d’œil à nos traditions ancestrales. Ma mère était une femme traditionnelle, elle s’habillait selon la tradition maroco-musulmane, pour sortir elle portait une jellaba et un voile qui cachait la moitié de son visage qu’on appelait ‘litham’. Je n’ai jamais considéré l’aspect religieux de la chose. J’ai toujours connu ma mère habillée comme elle l’était, car pratiquement toutes les femmes de son époque faisaient de même à quelques exceptions près. Porter la jellaba et le voile était à mon sens plus dû au conservatisme de familial qu’à un quelconque diktat religieux. En effet je me rappelle encore que quand mon père recevait un ami, il exigeait que les rideaux de la pièce où s’essayait ma mère soient baissés. Nous habitions une maison traditionnelle et les pièces se faisaient face, mon père, qui alliait piété et tradition, craignait que ses invités n’aperçoivent sa femme. Pourtant cette attitude ne l’a pas empêché d’envoyer ses filles, étudier seules à l’étranger. Chaque époque à ses droits, ils n’a jamais exigé, non plus de nous, ses filles,  de porter l’habit traditionnel de notre mère.

    Dans d’autres régions du Maroc, le Hayek était de mise, les femmes portaient le Hayek qui couvre la totalité de leur corps, juste un coin est dégagé au niveau des yeux.  Plus tard ma mère laissa tomber le voile et ne porta plus qu’un foulard. Bien entendu après avoir demandé l’autorisation à mon père. Lorsqu’elle venait nous rendre visite, pendant notre séjour  à l’étranger, elle aimait troquer sa jellaba traditionnelle contre une robe occidentale. Elle voulait passer inaperçue, dans un pays étranger. Elle ne voulait pas attirer les regards, à cause de sa tenue vestimentaire.

    Innovation dans l’absolu 

    Le hijab tel qu’il est perçu aujourd’hui est une innovation. En effet la femme marocaine en général avait fini par laisser tomber l’habit traditionnel et opta pour des vêtements européens. Notre génération n’a plus connu ni le voile ni le foulard. Or quand ce mouvement du hijab s’est déclaré dans nos sociétés musulmanes en général, la femme, tous âges confondus, s’est vues obligée de s’adapter.  Elle a donc ajouté le foulard à la tenue occidentale, qu’elle a allongée afin de couvrir ses jambes et ses bras. Le phénomène du hijab est allé en s’amplifiant, on commence à parler de femmes ‘moultazimates’ c’est-à-dire engagées vis-à-vis de Dieu. Une cassure a vu le jour dans notre société, celles qui se couvrent la tête et celles qui refusent de la faire, c’est à dire les vraies musulmanes et les ‘mourtadates’. Le port du foulard s’est répandu comme une traînée de poudre. Cette tendance a vu le jour au même temps que la mouvance des ‘Frères musulmans’. C’est une résultante de ce système. Une idéologie étrangère à notre culture, copiée sur le modèle oriental, qui constitue le premier nid de ces mouvements intégristes qui ont utilisé l’islam comme instrument, pour réaliser leurs objectifs politiques répressifs et rétrogrades.

    Un islam que je ne connais pas 

    Le Maroc a eu sa part de ce gâteau empoisonné, mais a rapidement cerné le problème et a empêché ce phénomène de trop s’enraciner. Certes certaines formations politiques en une référence islamique, mais elles sont complétement intégrées dans le paysage politique marocain.

    Cependant nous  constations  au fils du temps que les femmes commençaient à se couvrir la tête, d’autres à porter carrément la burqa venue d’Arabie saoudite. Les hommes laissent pousser la barbe et s’habillent en tenue afghane. Un moment donné, on ne disait plus marocain, mais marocain afghan, car plusieurs, d’entres  eux, partirent en Afghanistan ‘défendre la bonne cause’ . Je ne sais quelle bonne cause? Par contre je sais que ce pays est devenu un des fiefs de la doctrine wahabbite salafiste.

    On y prêchait le Jihad et la lutte armée contre les mécréants. Les choses ont pris donc une tournure dangereuse et la situation a commencé à échapper à tout contrôle. On n’a pas compris à ce moment que d’aucun tire les ficelles, afin de noyer le monde musulman dans un bain de sang et le replonger dans l’obscurantisme et dans la violence la plus destructrice.

    Pour en revenir à la femme et au hijab, on a donc assisté petit à petit à un changement radical le port du hijab se répandait et il est souvent porté  pour d’autres raisons que la foi. Beaucoup de jeunes filles le portent pour échapper au harcèlement des hommes dans les rues. D’autres le portent pour des raisons plus terre à terre. Une certaine indolence, quand il s’agit de prendre soin de ses cheveux et d’aller régulièrement chez le coiffeur. Le hijab cache une certaine négligence chez certaines femmes. Un confort emprunt de laisser-aller.

    Il y a des jeunes filles qui n’ont connu que ça dans leur enfance et suivent donc l’exemple de leur mère, sauf  qu’elles se couvrent la tête et portent des pantalons Slims et des jeans dessinant leurs formes. D’où l’absurdité du port du foulard, lequel est devenu une simple tendance, une mode comme tout autre mode chez certaines.

    L’amalgame qui est fait par rapport à la question du hijab est flagrant. Je suis persuadée que toutes les femmes ne le portent pas par piété et soumission à Dieu tout puissant. Chacune a une raison propre et c’est bien pour ça que je suis d’avis que le hijab invisible est plus significatif. Un hijab qui ne nous  quitte jamais et qui est emprunt de foi et de soumission éternelle à Dieu, une sorte de  conscience vivante. Ce hijab invisible est plus dur à porter que le morceau de tissus que certaines femmes portent sur leurs têtes sans en comprendre le sens. C’est un voile transparent qui s’érige constamment,  entre nous et nos pensées malfaisantes .

    Le hijab et moi

    Je ne suis pas contre le hijab que la femme a choisi de porter, si elle l’a fait par conviction et sans y être forcée. Je respecte le choix de l’autre . En effet beaucoup le portent avec conviction et ne l’ôteraient pour rien au monde. Mon questionnement s’adresse à une grande partie de nos femmes qui le portent sans en connaître le sens exact.
    Celles qui vivent dans des sociétés occidentales et qui choisissent d’exhiber leur croyance, ou leur appartenance à un groupe, en portant un foulard, un voile intégral. Celles là devraient à mon sens faire preuve d’un peu plus de discrétion et essayer de passer inaperçues, surtout par les temps qui courent. Dieu n’exige pas de nous qu’on s’expose, qu’on provoque le courroux des autres à cause de notre foi. Au contraire, Dieu veut qu’on se protège et qu’on protège notre foi en étant humble et simple, en nous mettant à l’abri des regards malveillants en terre étrangère. Certaines familles font porter le foulard à leurs petites filles dès leur jeune âge, qu’elle est la morale qui se cache derrière cette attitude endoctrinante. Comme les Chinois qui mettaient des bandages aux jeunes filles tôt dans leur jeunesse, pour que leurs pieds ne poussent pas. Cette attitude est cruelle si on la compare à la première. Mais le voile pour les petites filles est aussi une sorte de modelage de leur jeune esprit, qui les prive du droit de choisir.

    Au fait pourquoi veut-on réduire  l’islam  à  une apparence? Alors qu’il est plutôt une spiritualité, une éducation, une éthique qui nous protège discrètement de tout excès ou écart.

    Le hijab est un tout en terre d’Islam, c’est le reflet d’un travail profond qu’on est sensé avoir fait sur nous même. Cela  suppose que nous nous sommes élevées contre tous les méfaits et les tentations terrestres. Porter le foulard ne nous met pas à l’abri des tentations, ne nous rend pas, non plus,  meilleures que les autres, car c’est un geste purement terrestre. Tant qu’on a pas purifié notre âme et tant qu’on a pas compris que Dieu regarde nos cœurs et non pas notre apparence, le hijab restera à mes yeux un simple accessoire…

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