Le thème ‘femmes marocaines’ est à l’ordre du jour dans notre pays. Nous avons grâce à la sagesse du Roi, une nouvelle Moudouwana de la famille, une nouvelle constitution qui clame la parité. L’arsenal juridique et constitutionnel est acquis. Que manque-t-il à notre nation pour décoller réellement dans le sens de la protection des droits des femmes? Un seul facteur déterminant empêche la roue de tourner, c’est la mentalité.
Une mentalité lourde de préjugés, d’interprétations souvent erronées de la religion. D’un instinct archaïque et matchiche chez certains hommes. Je ne veux pas généraliser, car tous les hommes ne sont pas contre l’émancipation et les droits de la femme. Je dirais qu’il y a plutôt beaucoup de femmes qui sont contre leur propre liberté et leur propre progrès. On dit souvent que la femme est beaucoup plus rétrograde que l’homme.
Une éducation très arriérée et des idées bien ancrées dans l’esprit de certaines femmes compliquent la vie de leurs pairs. C’est bien la femme qui éduque les enfants, garçons et filles, sa responsabilité est d’autant plus importante. C’est bien elle qui donne à ses enfants les premières directives, les premiers balbutiements. Si elle élève des machos, et qu’elle en fait des tyrans par rapport alors leurs sœurs, leurs épouses, c’est qu’elle ne perçoit pas et ne réalise pas vraiment son rôle déterminant dans l’édification d’une société moderne et juste.
À mon avis pour atteindre la vraie liberté et la vraie émancipation féminine, il faudrait revoir toute l’éducation que certaines mères donnent à leur progéniture. Il faudrait les aider à réviser les idées archaïques, dépassées et préparer des générations plus ouvertes et plus tolérantes. Cela dit, ne mettons pas tout sur le dos de la mère de famille et venons-en au rôle de l’homme.
L’homme lui a peur de perdre ses privilèges et se croit investit d’une mission ‘impossible’ celle de faire plier la femme à sa volonté. Il s’érige sans cesse contre ses élans de liberté et de désaliénation. À mon avis c’est la peur qui rend les hommes aussi fébriles, quand on invoque , la liberté, la parité, les droits de la femme en général.
Cette hantise masculine est due au rapport de force qui se fait de plus en plus sentir dans notre société. La femme peut être chef de famille autant que l’homme. Elle peut accéder à des positions professionnelles pareilles à celles des hommes, souvent les femmes font preuve de plus d’ambition et plus de compétence que leurs collègues hommes.
Pourtant nous vivons encore dans un pays, où la femme est encore considérée comme un ‘Sexobject’. Elle est harcelée dans la rue, au travail, partout où elle doit traiter avec l’homme comme son égale. Ce mépris envers la gent féminine nous plonge dans une ère moyenâgeuse révolue. Quand je dis les mentalités, archaïques qui sévissent dans notre société, je sais ce dont je parle. Souvent on essaye de prendre la religion comme cheval de bataille, mais ce que les hommes ne veulent pas reconnaître c’est que l’islam a honoré la femme et lui a donné tous ses droits et a exigé du vrai musulman de bien traiter sa partenaire de vie.
Malheureusement, l’homme n’essaye pas de changer, il préfère que toutes les initiatives soient prises par les femmes. Ils la poussent à se replier sur elle-même, à se voiler et à se faire petite, pour pouvoir vivre à ses côtés.
Les citoyens ont besoin d’être éclairés et instruits sur le rôle crucial de la femme dans la société. Nous devons cesser de nous voiler la face. La femme doit cesser d’être victime, elle est une partenaire à part entière et constitue la plus grosse moitié de la population marocaine. Vouloir l’aliéner, l’appauvrir, la violenter et le soumettre ‘à son bon vouloir’ est une erreur grave que commet l’homme.
À quoi nous sert une moudouwana moderne une constitution qui donne toutes ses chances à la femme, si ceux qui mettent en application ces lois sont des gens rétrogrades, misogynes, qui s’accrochent à leur acquis et ne veulent rien en céder.
Les slogans ne nous servent pas à grand-chose, il faudrait passer à l’action et entamer l’éducation et ouvrir le chantier du remodelage et façonnage aussi bien de l’homme que de la femme. Leur inculquer les règles fondamentales de la cohabitation, du respect de la liberté de l’autre. Nos compagnes de communication et nos slogans devraient être dirigés vers la société civile dans sa totalité.
Toutes les institutions du pays devraient prendre part à cette compagne, l’école, les médias, les instances juridiques et culturelles, et bien entendu les institutions religieuses, qui ont un rôle déterminant dans l’apprentissage des droits et obligations de chacun par rapport à la religion, car souvent la compréhension des préceptes de l’islam, sont mal assimilés et mal compris.
La société civile à son tour détient le rôle de sensibilisation, qui devrait se faire dans la durée et non pas dans certaines occasions spécifiques : ‘journée de la femme’, etc..
L’état est appelé à mettre des moyens financiers au service de ces associations engagées, pour qu’elles jouent leur rôle sans contrainte aucune.
Au fait, chaque citoyen est investi du rôle de contribuer à l’évolution et à l’essor de notre société, qui passe indéniablement par la désaliénation de la femme…