Mme la présidente du conseil
Les dernières élections ont été un succès fulgurant pour vous et pour votre parti, je vous en félicite. Casablanca avait besoin d’un changement radical. On a eu ce changement et nous en attendons beaucoup. Casablanca aujourd’hui souffre de maux encore plus complexes et plus graves qu’il n’y a cinq ans (5ans). Sans vouloir minimiser le rôle et la responsabilité des Casablancais, je voudrais attirer votre attention sur l’absence chronique de l’autorité. Le manque de civisme collectif en est la preuve.
Je commencerais par les sociétés délégataires chargées du ramassage d’ordure, j’aimerais attirer votre attention sur leur Equipment fragile et facilement déplaçable. La corniche ne fait pas partie de leur mission ? Cet été l’état du boulevard de la corniche était lamentable, des odeurs nauséabondes et un sol visqueux.
Personnellement, dès que je mets le nez dehors, je commence à ressentir l’abandon, l’indiscipline, le désordre et l’insécurité. La rue me fait peur, pour plusieurs raisons. À cause d’une circulation chaotique et un manquement évident au Code de la route et l’impunité qui s’en suit. Je constate que notre Police urbaine est dépassée par les évènements, étant donné le nombre incalculable d’infractions, le comportement incivique des citoyens, qu’ils soient en voiture banale ou luxueuse, en mobylette ou en gros cylindrés. Même les piétons commettent des infractions à la pelle, car ils ne différencient nullement entre la chaussée et les trottoirs (qui sont souvent encombrés et occupés par des commerces ou des cafés). J’ai été souvent témoin d’infraction en présence d’un agent de Police, qui n’était humainement, pas en mesure de verbaliser cette délinquance déchaînée. Les motos circulent sur les trottoirs, sur les plates-formes du tramway (à la corniche dans la zone piétonne), les voitures aussi parfois, pour se frayer un chemin. Les motards font des acrobaties, accompagnées d’un bruit infernal et d’une pollution sonore, sur les grandes avenues de la ville. Malgré la multitude de dos-d’âne, réalisés, qui endommagent plus les amortisseurs des voitures, qu’ils ne dissuadent les véhicules, toutes catégories confondues, de faire de la vitesse et de rouler à tombeau ouvert.
Le manquement et le mépris collectifs des lois sont devenus une chose banale, une aberration urbaine.
Le commerce ambulant est aussi une plaie qui ronge la ville, car il est partout et contribue lourdement au chaos, à l’encombrement, la saleté des rues et des artères de la ville.
La mendicité prolifère dans notre ville, elle est même devenue une norme, une prescription. Les feux rouges sont pris d’assaut par des pseudomendiants (handicapés physiques exhibant leur handicap, subsahariens en groupe, qui ne cachent plus leur témérité et vont jusqu’à frapper à la vitre de la voiture pour exiger l’aumône, en plus de mendiants bien de chez nous) tout ce monde nous harcèle à longueur de journée.
Les écoles privées sont aussi une plaie, pour nos avenues (Driss Slaoui 7 ou 8 écoles par exemple). Elles n’ont aucun débarcadère normalisé, les grosses 4×4 s’agglutinent en deuxième, troisième et même quatrième position, pour récupérer leurs enfants. Pendant ce temps la circulation est complètement bloquée.
Les gardiens de voitures, qui ne gardent rien et qui sont là comme une taxe obligatoire une tare sociale. Le citoyen doit payer chaque fois qu’il utilise la voie publique, sinon il est insulté et traité de tous les noms. Son véhicule peut subir des dommages, s’il refuse de payer. Lui-même est souvent victime de ces vauriens, qui occupent toutes les rues et toutes les artères et les avenues de la ville, avec la complicité de nos élus.
La société en charge de ce volet nous a promis, il y a de cela quelques années, de nous débarrasser de ce phénomène en équipant la ville d’horodateurs, aujourd’hui on se retrouve et avec les horodateurs et avec les gardiens et cerise sur le gâteau des sabots non règlementaires, qui prennent les voitures en otage.
Ces pourboires, que nous payons, se sont mués en entraide sociale forcée, institutionnalisée, quasi contraignante que le Casablancais paye. Ce dernier paye, donc en amant et en aval.
De plus je voudrais soulever le casse-tête des chantiers interminables, dans les différents quartiers de Casablanca, qui à leur tour contribuent à la panique, la dispersion et le désordre. Ils ne connaissent aucune fin.
Certes il y a des phénomènes délétères, nuisibles (dus en partie à la pandémie) qui sont difficiles à aborder à cause de la situation sociale de la ville et de la paupérisation de la population, qui a besoin de gagner son pain quotidien (les livreurs) mais cela ne devrait pas empêcher l’application de la loi. Le Casablancais devrait savoir qu’il a des droits, mais aussi des obligations. Le fait aussi de laisser les citoyens s’affronter dans ce tumulte social urbain est une grave atteinte aux droits de chacun de nous. D’autant plus que les Casablancais dans leur majorité s’acquittent des impôts et des taxes requis.
Autrement dit l’État est appelé à son tour à s’acquitter de ses obligations vis-à-vis du citoyen en veillant à l’application stricte de la loi et des Codes dans leur totalité et sans distinction aucune. Sachant que le droit de circuler librement dans nos cités, est un droit garanti par la constitution. En assurant le suivi, pour que la continuation et le maintien de l’ordre ne soient pas affectés ni interrompus.
Si l’état et ses représentants (élus et fonctionnaires) ne se préoccupent pas du bien-être général des citoyens et du respect des règles et de l’éthique, qui constituent le fondement de toute cohabitation, alors ne nous étonnons pas de la dégradation de la situation et des conditions catastrophiques et chaotiques qui règnent, dorénavant dans le Tout-Casablanca.
Mme la présidente, vous aviez dit dans un de vos interviews que la ville dispose d’une masse salariale de plus de 30000 employés. Pourquoi ne pas charger une partie de cette population, qui occupe souvent des bureaux, sans obligation de résultat en fin d’année. Les envoyer, en partie sur le terrain, accomplir des missions citoyennes dans la ville ? On a besoin d’inspecteurs et de contrôleurs dans l’espace public. Qu’est devenue la Police administrative et environnementale, censée veiller au respect des règles et de l’éthique ? Je ne l’ai jamais vue en action, j’ai vu juste ses véhicules.
Loin de moi l’idée de vous apprendre votre métier, c’est juste un questionnement. Un appel au secours, car nous étouffons tous dans cette ville si chère à notre cœur. Le niveau du stress des Casablancais a atteint des dimensions alarmantes. L’agressivité est à son paroxysme et souvent les automobilistes en viennent aux mains, pour régler leurs différends
Il y a énormément d’autres problèmes dans la ville, que je n’aborde pas dans cette lettre, comme le manque chronique d’espace vert, la promotion immobilière endémique, etc..
Je vous prie de prie, de bien vouloir coordonner avec toutes les autres autorités et tous les intervenants de la ville, afin de trouver des remèdes à moyen et long terme et pourquoi pas à court terme, car on n’en peut plus c’est la débâcle !
Une Casablancaise en colère !