Je me promène sur la corniche de Casablanca, contemplant l’océan gigantesque et admirant le don du ciel, qui fait de notre pays un endroit privilégie par la nature. Une côte atlantique interminable et une côte Méditerranéenne magnifique au nord. Le désert, les montagnes, la mer tout y est. Ce qui se fait sentir durement, c’est la rareté de bonnes volontés, pour construire ce pays avec dévouement et abnégation.
Casablanca, cette grande ville du début du siècle précédent, renferme tous les problèmes du Maroc entier. C’est un petit Maroc avec tous ses soucis, ses insuffisances et ses mauvaises gestions.
Tous les riches et les pauvres de notre pays se sont donné rendez-vous ici à Casablanca. Ils se côtoient et cohabitent partout dans la ville. Tous les quartiers résidentiels de la ville ont droit à leur bidonville. Alors on voit au plein milieu d’immeubles résidentiels de 20 000 DH (vingt mille dirhams) le mètre carré, des baraques et des tentes en plastique, des habitations défaillantes et une atmosphère moyenâgeuse. Des terrains boueux, des animaux qui broutent je ne sais quoi (ânes, vaches) qui de temps en temps sortent faire une petite promenade sur les chaussées goudronnées des quartiers résidentiels avoisinants.
Parfois je me demande ce qui se passe réellement, où sont les lois qui nous régissent ? Va-t-on les appliquer un jour? Non j’en doute fort. Quelle image donne-t-on de notre ville et de notre pays en général? Un pays qui avance, ou un pays qui régresse et retourne aux siècles anarchiques. Doit-on se considérer comme citadins? Ou comme des bouseux? Pourquoi veut-on vivre en ville dans les conditions du bled?
Pourtant je peux dire que certaines compagnes sont mille fois mieux organisées, que certains quartiers de Casablanca. Un quartier comme ‘L’Hjajma’ n’est-il pas une honte pour ‘Casablanca?
En tous cas, quand je le traverse, je me pose mille questions. Ou suis-je exactement? Des bâtiments modernes à côté de baraques hideuses et précaires, qui ont parfois un étage, ou deux. Un danger, qui crève les yeux, mais que d’aucuns refusent de voir et de reconnaître. Un marché de victuailles digne du quinzième siècle, mais fréquenté par la crème du quartier résidentiel, huppé d’Anfa, d’ailleurs les prix y sont très conséquents..
Des alentours crasseux, d’une saleté qui vous donne le haut-le-cœur, des odeurs nauséabondes
Mais que fait donc notre agence urbaine? Que font donc nos autorités locales? Que font donc la société civile et les associations, qui bénéficient de subventions de l’État? Notre devoir à tous est de dénoncer cette situation. Tout le monde est concerné, les riverains, les citoyens casablancais en général, ceux qui croient faire de bonnes affaires en évitant les marchés officiels et viennent faire leur courses dans des souks insalubres.
Tous ceux qui encouragent l’anarchie et font preuve d’indifférence face à de tels désordres urbains. Il y a aussi ceux qui s’érigent en victimes et ceux qui les exploitent à des fins obscures. L’idée du ‘tabsnis’ et ‘lahmouz’ est toujours omniprésente dans notre mentalité.
Nous ne pouvons pas faire preuve d’un peu plus d’altruisme et de dévouement à la cause casablancaise et lutter contre ces fléaux? On peut commencer par aller faire ses courses dans les vrais marchés autorisés, éviter les carrioles et les vendeurs ambulants qui sabotent le commerce officiel et qui sont souvent plus chers que les commerces légaux, j’en ai fait l’expérience.
Casablanca est l’affaire de tous, autorité, élu local, société civile et citoyen tout court. Quand je vois le camion qui ramasse les ordures, afficher la phrase suivante ‘Mettez vos sacs d’ordures dans le bac à ordures’ en arabe dialectale, je me dis ‘il y a vraiment problème
Les citoyens casablancais veulent-ils qu’on crée un service spécial, gratuit, qui récupérera leurs sacs de détritus directement à leur porte, pourquoi pas directement dans leur cuisine?
Ce je-m’en-foutisme, devant les responsabilités civiques, est vraiment intolérable. Mettre le sac dans le bac ne suppose pas un effort surhumain. Pourtant je passe dans les quartiers et je constate cette situation affligeante, avec beaucoup d’amertume et d’indignation. Je passe mon temps à déplorer ce sans-gêne et cette flemmardise.
Par contre quand il s’agit de critiquer, nous sommes les champions. Nous n’apprécions rien et nous trouvons toujours à redire sur tout, mais nous ne bougeons pas le petit doigt pour changer les choses.
Nul ne se sent concerné, tout doit être fait par les autorités, certes c’est leur responsabilité, mais nous, en tant que citoyens, devrions aider les autorités en respectant les lois, en observant les règles civiques, en participant à l’organisation de notre ville, en luttant chacun à son niveau, ‘en balayant chacun devant sa porte’…