Amour divin…
2 avril 2021
L’initiation spirituelle et les conditions intérieures qui peuvent susciter chez une personne le besoin de la rechercher, constituent une quête pour une reconquête d’un état perdu pour tous les hommes, mais qu’il leur est possible à tous de retrouver, pour peu qu’ils « soient troublés par la pensée d’Allâh » selon la belle expression du chaykh Ahmed Alawî (1874-1934) de Mostaganem. Ou encore que, dans leur âme, la couche de nuages soit assez mince pour qu’au moins quelques clartés de la lumière du cœur puissent percer les ténèbres, ramener la conscience de la réalité spirituelle et offrir ainsi « un pressentiment des états supérieurs ».
Dans le Coran, le mot « hubb », et tous ceux qui en dérivent, notamment « mahabba » qui traduit le mieux le terme « amour », sont présents de manière cruciale. Le verset le plus significatif que les soufis prendront comme support de leur adoration est celui dans lequel il est dit précisément : « Dieu fera venir des hommes, Il les aimera et ils L’aimeront. » (Coran V, 54). C’est Lui qui aime le premier et qui appelle. C’est donc au don de la Grâce, à l’initiative divine, que répond l’amour du soufi.
Pour mieux saisir la portée de cet amour divin pour l’homme et celui de l’homme pour Dieu, les paroles des soufis classiques sur l’amour illustrent la spiritualité de ces saints ancêtres. Maîtres cléments, maîtres sévères, maîtres expansifs, maîtres contractés, chacun s’est exprimé sur l’amour, partant de sa nature propre – fitra – de son état spirituel – hâl – et de sa station dans son cheminement – maqâm –. Les vers des uns sur l’amour confinent à l’extase, ivresse spirituelle, ceux des autres confinent à la mortification, ceux d’autres encore à l’union parfaite entre l’amoureux et son Bien-aimé, mais tous recèlent le respect de la Loi divine, et l’effort dans cette action est aussi chanté.
Concernant l’union dans l’amour, un des maîtres fondateurs du soufisme, Sarî al-Saqatî (mort en 867) dira : « L’amour entre deux n’est pas complet tant que l’un ne peut dire à l’autre : » Ô moi ! » ». Car cet Autre dont on ne peut saisir que des manifestations de Son existence unique nous enveloppe de Ses lumières qui annihilent notre existence illusoire au profit de la Sienne, seule vraie. Seul l’amour est de nature à triompher des distances incommensurables qui séparent la création du Créateur : on reconnaît l’unicité du Créateur, on la réalise en étant conséquent et cohérent en nous-mêmes et avec la Loi qui est le secret divin.
par Zakia Zouanat