Un jour comme tous les jours que Dieu fait, l’envie de découvrir et partager me tenaillait. Dans un coin de la ville, je l’ai rencontrée, une femme, une parfaite inconnue. Semblable à beaucoup de femmes simples qui croisent mon chemin. Sa dejallaba noire cachait ses formes rattrapées par le temps. Un visage ridé, l’air jovial, un sourire édenté, des yeux petits mais vifs et lumineux . Elle s’assoit et met ses deux sacs ‘marocains’ devant elle. Elle vend des gants de toilette. Elle me les propose ‘achète moi, un gant s’il te plaît, c’est de la bonne qualité ???.’ Rencherit-elle.
Elle enchaîne, cette fois, en chantant avec plein d’assurance et de gaieté ‘c’est Brahim El Alami, un grand Monsieur Allah Iyarhmou’ me dit-elle tout en fredonnant une des classiques de ce grand artiste. Elle passe d’une chanson à l’autre avec aisance, le sourire ne quitte pas ses lèvres:
Audio
voix de Khadija
Une sorte d’aimant me retient à ma place, je ne pouvais la quitter du regard. Une jolie voix mélodieuse rempli l’espace. Khadija chante juste et jongle avec des répertoires de grands classiques, Mohamed Abdelwahab, Abdelhalim Hafez, Maati Benkassem. Elle redouble d’entrain et chante de plus belle.
Elle me raconte sa vie. Elle a soixante cinq ans et adore la musique, qu’elle écoute le long de la journée et ne pense à rien, elle lui fait oublier ses misères et sa condition précaire. ´La musique est magique, elle m’enlève les idées noires et remplit ma vie de bonheur’ me dit elle. Pas d’enfant, mais elle a un mari qui ne lui donne pas le sou. Elle fait tout pour lui, la cuisine le ménage, les courses. ‘Un toit sur la tête et de la nourriture c’est tout ce que je peux te donner ..’ lui répète -t-il à longueur de journée.
Elle m’avoue sans gêne aucune, que cet homme est impotent et n’est même pas capable de remplir son devoir conjugale et qu’à soixante cinq ans ‘à peine’ elle a fichtrement envie de vivre sa vie et n’est pas prête à faire la moindre concession. Elle a donc décidé de le quitter et aller habiter en ville, vendre des gants de toilettes et continuer à s’avourer sa musique préférée.
Cet épisode m’a marquée et j’ai voulu le partager …
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