Casablanca, abattoirs enfin libérés

par Fati's Blog

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    Casablanca, abattoirs enfin libérés 

    Espace culturel
    Les anciens Abattoirs «libérés»

    Après plus de deux semaines d’occupation par des centaines de voitures de location, la Fabrique culturelle vient d’être évacuée.

    Ni la mairie, ni le collectif des associations n’ont pu identifier le service qui a autorisé l’entreposage de ces voitures dans les anciens Abattoirs.
    Soulagement chez le collectif des associations des anciens Abattoirs. Depuis hier, les centaines de voitures de location ayant envahi les lieux depuis plus de deux semaines ont été évacués. Une libération d’espace qui a été entamée jeudi dernier, suite au tollé suscité par cette affaire. «Cela fait un problème de réglé, certes, mais nous sommes toujours en attente de la signature d’une convention, dont la procédure accuse plus de quatre années de retard, et qui définira le cadre juridique pour l’exploitation des lieux, de sorte à travailler de manière structurée, pour ainsi dire, dans les règles de l’art», souligne Dounia Benslimane, coordinatrice de la Fabrique culturelle des anciens Abattoirs de Casablanca, collectif d’associations actives dans la culture et les arts.

    Mais aujourd’hui, personne ne sait à quel niveau la décision avait été prise pour autoriser une société de location de voitures, à destination de la Commune urbaine de Casablanca, à exploiter les anciens Abattoirs comme garage pour plus de 200 voitures. «Nous n’avons pas la moindre idée de l’entité qui a délivré cette autorisation, sachant que même au niveau de la mairie, c’était la grande surprise. Idem pour le collectif qui regroupe 15 associations, nous avons été surpris, car il faut souligner la gravité de cet incident : nous n’avons même pas été avertis de cette exploitation, sachant que nous sommes actifs au sein des anciens Abattoirs depuis des années», indique la coordinatrice de la Fabrique culturelle des anciens Abattoirs. Cette «invasion» aura tout de même entravé quelques programmes, qui étaient prévus durant la période où elle a eu lieu, à l’image d’un tournage qui a été annulé, car l’espace était encombré de files de voitures noires.
    Il est à souligner que depuis l’apparition des véhicules dans l’enceinte de l’édifice, une mobilisation surprenante et inattendue a eu lieu et s’est amplifiée. D’abord sur le réseau social Facebook, sur la page officielle de la Fabrique culturelle des anciens Abattoirs.

    Cela ressemblait à une véritable levée de boucliers face à ce qui a été considéré comme un acte visant à démolir tout ce qui a été construit, en tant qu’événements artistiques et culturels. «Comme si cela ne suffisait pas que les autorités n’entreprennent pas d’actions concrètes pour encourager l’échange culturel au Maroc, il faut qu’il vienne en plus nous demander d’être compréhensifs, au nom de la misérable excuse du stationnement de voitures à Casablanca !» écrit Houda Lakhdar, fondatrice de Cinéma-Maroc, sur son blog.
    Dans la foulée, une pétition a été lancée en ligne et a pu collecter plusieurs centaines de signatures en moins de 24 h. C’est dire l’appropriation des lieux par le public, que ce soit au Maroc ou à l’étranger. «C’est tout simplement magnifique de constater ce mouvement et cette mobilisation spontanée du public, toutes ces personnes qui considèrent ce lieu essentiel et nécessaire pour le développement d’activités culturelles et artistiques», conclut Dounia Benslimane.

    Près d’un siècle d’histoire
    Les anciens Abattoirs de Casablanca ont vu le jour dans les années 20. Et c’est l’architecte français Georges-Ernest Desmarest qui en a dessiné les contours. À l’époque, c’était des abattoirs modernes érigés sur 5 hectares dans un style néo-mauresque, avec de hauts murs de béton armé, des façades imposantes aux courbes simples et aux couleurs sombres.
    Comme son nom l’indique, l’édifice avait pour vocation d’approvisionner la métropole en toutes sortes de viandes. L’entrée en service des nouveaux abattoirs au début du troisième millénaire allait signer la fermeture de ce qui allait devenir les «Anciens Abattoirs». «L’histoire des anciens Abattoirs de Casablanca est indissociable de l’évolution des quartiers Est de la ville.
    Au début du siècle dernier, la ville accueille des masses d’immigrés de toutes origines. La population augmente de manière rapide (de 20 000 habitants en 1907, elle passe à 100 000 en 1920, dont le tiers est étranger). L’affectation de la partie Est de la ville comme quartier industriel et ouvrier date de cette époque. Face aux demandes et besoins croissants de la population, les abattoirs furent construits en 1922 et seront parmi les premiers grands équipements de la ville, tant par leur intérêt que par leur ampleur», peut-on lire sur une page Facebook créée jeudi dernier et dont les auteurs ont choisi le slogan «Save L’battoir».

    Publié le : 22 Février 2013 – Abdelhakim Hamdane, LE MATIN

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